Le dadaïsme littéraire: débuts, caractéristiques et représentants les plus remarquables

Le dadaïsme littéraire faisait partie d'un mouvement artistique né en Europe pendant la Première Guerre mondiale. Il s'est caractérisé en se faisant passer pour un non-mouvement et par sa performance anti-art.

En effet, leurs auteurs se sont opposés au développement de la Première Guerre mondiale et ont imputé cette guerre aux coutumes et à l’avenir de la société bourgeoise. Pour cette raison, ils ont proposé un mouvement qui critiquait la société à partir de ses fondements.

Cette critique incluait les traditions artistiques, c'est pourquoi ils s'opposaient aux structures, aux genres et aux métriques. Pour cette raison, ce mouvement artistique est devenu un questionneur des artistes, ainsi que de l'art et de son rôle dans la société.

Débuts

À cause de la guerre, plusieurs écrivains, notamment français et allemands, se sont retrouvés dans le refuge offert par Zurich, en Suisse neutre.

En colère contre la guerre, ce groupe s’est chargé de développer une nouvelle tradition artistique qui visait à manifester.

Ces auteurs ont utilisé leurs travaux et tout forum public pour défier le nationalisme, le rationalisme, le matérialisme et d'autres absolutismes qui, selon eux, avaient provoqué la guerre.

Les dadaïstes étaient fatigués et en colère. Ils pensaient que si l'ordre social avait provoqué la guerre, ils ne voulaient pas participer à cela ni à leurs traditions. Ils ont même estimé nécessaire de se séparer aussi des anciennes traditions artistiques.

Pour cette raison, ils ne se sont pas considérés comme un mouvement ou comme des artistes. Ils ont défendu que leurs productions n'étaient pas de l'art, car même l'art n'avait pas de sens pour eux.

Ce non-mouvement s'est étendu de Zurich à d'autres parties de l'Europe et à New York. Et comme il commençait à être considéré comme une tendance artistique sérieuse, ce mouvement s'estompait, vers 1920.

Caractéristiques

Le dadaïsme fut le premier mouvement artistique et littéraire à ne pas avoir pour objectif l'élaboration d'objets esthétiques, mais bien au contraire.

Le but des écrivains dadaïstes était de s’opposer à toutes les normes qui régissaient la culture bourgeoise de l’époque. Même au point de critiquer eux-mêmes et leurs productions artistiques.

Ses œuvres ont été écrites de manière à ne pas correspondre aux canons établis. Mais à côté de cela, ils étaient inconfortables pour la sensibilité bourgeoise, ils généraient des questions difficiles sur la société, le rôle de l'artiste et le but de l'art.

Origine du nom

Les écrivains dadaïstes n'étaient pas d'accord sur leurs idéaux et avaient même du mal à se mettre d'accord sur le nom du mouvement. Pour cette raison, il existe différentes versions contradictoires de l'origine du nom.

Selon certaines versions, le nom aurait été donné lors d'une réunion au cabaret Voltaire à Zurich, lorsqu'un couteau à papier inséré dans un dictionnaire franco-allemand indiquait le mot "donnés", qui signifie en français "bourreau de travail".

Pour certaines personnes, ce concept servait à exprimer le but et la non-esthétique proposés par les dadaïstes.

Cependant, d'autres versions expliquent simplement que "dada" est un langage dépourvu de sens pour les bébés, un message sans contenu qui, pour la même raison, a été bien accueilli par les dadaïstes.

Thèmes et techniques

Ce courant non artistique proposait une forme précoce d'art de choc. Ils ont utilisé des obscénités douces, un humour scatologique et des textes présentés dans des jeux visuels pour représenter leur rejet de la guerre et des valeurs bourgeoises.

La réaction du public, bien sûr, a été une controverse et un rejet, ce qui a entraîné une plus grande motivation pour les dadaïstes.

Les formes de production écrites en dadaïsme étaient compatibles avec leur mépris pour tous les ordres établis. Celles-ci ont favorisé la collaboration de groupe, la spontanéité et les jeux de création fondés sur le hasard.

Cette possibilité de création basée sur le hasard s'opposait aux exigences des genres et des métriques traditionnels en littérature et en poésie.

C’est donc une autre façon de remettre en question les normes artistiques établies et de remettre en question le rôle de l’artiste dans le processus de création et dans la société elle-même.

Trois représentants principaux

1- Tristan Tzara

Tristan Tzara, aussi connu sous le nom d'Izara, est né en Roumanie en avril 1896 et décédé à Paris en décembre 1963. Il est considéré comme l'un des pères du dadaïsme littéraire et l'un de ses principaux représentants.

Tzara a écrit les premiers textes attribués au dadaïsme: La Première aventure céleste de Monsieur Antipyrine (" La première aventure céleste de M. Antipirina "), publiée en 1916; et Vingt-cinq poèmes, publiés en 1918.

En outre, c’est Tzara qui a rédigé le manifeste de ce mouvement, intitulé Sept manifestes Dada ("Les sept manifestes dada"), publié en 1924.

2- André Breton

André Breton est né à Tinchbray (France) en février 1896 et est décédé à Paris en septembre 1966. Après la Première Guerre mondiale, il s'installe à Paris et rejoint l'avant-garde artistique qui se développait alors dans la ville.

En 1916, il rejoignit le groupe d'artistes qui, à cette époque, développaient le dadaïsme dans ses manifestations écrites et plastiques, notamment Marcel Duchamp et Man Ray.

Il s'intéressait aux poètes symbolistes tels qu'Arthur Rimbaud et Charles Baudelaire, aux théories psychanalytiques de Freud et à la théorie politique de Karl Marx.

Grâce à toutes ces influences, il rédige en 1920 le manifeste surréaliste dans lequel il encourage la liberté d'expression et la libération de l'inconscient. Après cela, il publia son roman Nadja et d'autres volumes de poésie et d'essais.

3- Elsa von Freytag-Loringhoven

Elsa von Freytag-Loringhoven est née en Allemagne en juillet 1874 et décédée en décembre 1927. Elle était connue comme la baronne dadaïste et, bien qu'elle ait étudié l'art à Munich, le développement de son travail eut lieu principalement après 1913. New York.

Ses poèmes ont été publiés à partir de 1918 dans la revue The Little Review. Sa poésie était riche en ressources sonores et onomatopées; c'est pourquoi il est considéré comme un précurseur de la poésie phonétique. Il a également créé des poèmes de vers libres, caractéristiques de l'écriture dadaïste.

Cependant, la plupart de ses poèmes sont restés inédits jusqu'en 2011, année de la publication du livre "Body Sweats: Les écrits d'Elsa von Freytag-Loringhoven".